Publié dans Le Rabaska le 19 octobre 2011.
Si vous avez aimé le roman « Les Filles de Caleb » vous allez apprécier Feu et Lieu, un nouveau roman historique sur la vie des ancêtres d’Ovila Pronovost et de tous les Pronovost et de la plupart des St-Cyr d’Amérique, Mathieu Rouillard et Jeanne Guillet.
Dans ce roman, on découvre la vie quotidienne des coureurs de bois au XVIIe siècle, leurs voyages, leurs transactions avec les autochtones et leurs démêlés avec les marchands de Québec.
On y apprend tout sur le rude mode de vie de ces aventuriers qui ont tant travaillé à cimenter les alliances entre la France et les Premières Nations des Grands Lacs. Sans ces alliances, la Nouvelle-France n’aurait pas pu résister longtemps devant l’expansionnisme américain qui se manifestait déjà.
On y découvre l’importance de la rivière des Outaouais comme principale voie de communication avec ce qu’on appelait alors « Les Pays d’en Haut », soit l’Ontario et le centre des États-Unis d’aujourd’hui. On voyage sur le Saint-Maurice et la Batiscan à la recherche de peaux de castor de plus en plus rares.
On y apprend que les guerres incessantes entre la France et les Iroquois avaient fermé le lac Ontario à toute navigation pendant une très longue période. À cette époque, le principal établissement de traite des fourrures était le fort Michilimakinac situé au confluent des lacs Huron et Michigan. Pour s’y rendre, il fallait emprunter l’Outaouais, la rivière Mattawa, le lac Nipissing, la rivière des Français pour arriver à la baie Georgienne. Le parcours était parsemé d’embûches et de longs portages.
On y découvre que les coureurs de bois étaient souvent enrôlés malgré eux dans la défense de la colonie, ce qui les empêchait de remplir leur engagement envers les marchands qui les avaient embauché pour aller chercher les fourrures. L’endettement était endémique.
La traite des fourrures étant le principal moteur économique de la colonie, les autorités coloniales ont instauré le système des congés de traite, c’est-à-dire un permis pour faire la traite des fourrures dans les Pays d’En Haut. Ces congés n’étaient octroyés qu’aux riches et aux nobles arrivés de France. Ces derniers pouvaient les revendre à leur guise et empocher l’argent. Il en coûtait plus de 2000 livres pour acheter l’un de ces congés, le commun des mortels ne pouvait donc pas se le permettre.
Le gouverneur avait décidé de se servir de ce subterfuge pour inciter les colons à se fixer sur une terre et la faire fructifier. Les colons n’avaient guère d’autre choix que de s’adonner à l’agriculture, la politique coloniale française interdisant l’implantation dans la colonie d’industries qui pouvaient concurrencer avec celles de la mère patrie. Cependant, bon nombre de nouveaux colons fraîchement débarqués ne pouvaient résister à l’appel des grands espaces. La traite des fourrures leur donnait cette possibilité.
Voilà pourquoi la traite des fourrures revêt une importance capitale dans l’histoire de la Nouvelle-France, et constitue la trame de fond de ce roman.
L’ouvrage nous parle aussi des femmes extraordinaires des coureurs de bois qui se sont débrouillées seules devant les absences prolongées de leur mari. Pour se faire concéder une terre en Nouvelle-France, il fallait y maintenir « feu et lieu », c’est-à-dire défricher une terre et y construire une maison. Ce sont souvent les épouses des coureurs de bois qui se sont acquittées de cette obligation au nom de leur mari.
L’influence de l’Église est omniprésente dans le roman à cause de son rôle prépondérant dans la vie quotidienne des colons.
Mathieu Rouillard fut l’un de ces coureurs de bois qui a été pris dans l’engrenage de la traite des fourrures. Pendant toute sa vie, il a tenté sans succès de se sortir des griffes des marchands de Québec. Il a fini ses jours dans l’estuaire du Mississipi, dans le nouvel établissement fondé par Pierre d’Iberville pour inciter les coureurs de bois, fortement endettés, à éviter d’apporter leurs fourrures aux Anglais.
L‘inventaire de ses biens après sa mort nous dit qu’il est décédé en août 1702 au Fort de la Boulaye. Il semble donc qu’il soit le premier Européen connu à être inhumé dans l’État de la Louisiane, une vingtaine d’années avant la fondation de la Nouvelle-Orléans.
Jeanne Guillet a élevé seule ses sept enfants. Ses fils ont épongé les dettes du père après sa mort. L’un d’eux est devenu notaire royal tandis qu‘un autre fut juge seigneurial.
L’auteur, originaire de Shawinigan, travaille présentement sur une suite à ce roman qui mettra Jeanne Guillet en vedette après la mort de son mari. La version anglaise vient de paraître.
Il s’agit d’un roman publié à compte d’auteur et qui n’est disponible que dans de très rares librairies dont la Librairie Clément Morin à Trois-Rivières et Shawinigan et à la Librairie Gilles Matteau à Grand-Mère. L’auteur a un site web où l’on peut se renseigner comment se le procurer : <mpronovost.ca> ou <mpronovostlivres.unblog.fr>.
Marcel Pronovost
pronovost.marcel@sympatico.ca